Mère Angélique Arnauld, portrait d'une femme de poigne à Port-Royal !

Je suis née troisième des vingt enfants d'Antoine Arnauld, je deviens religieuse à l’âge de 8 ans seulement et abbesse à 11, j’ai voué ma vie à l’Abbaye de Port-Royal des Champs, je fête aujourd’hui même mes 422 ans, je suis, je suis, je suis… Jacqueline Marine Arnauld, dit Mère Angélique Arnauld !

Une vie…

Ahhh Port-Royal…ce lieu a toujours été le théâtre d’une intense vie religieuse, intellectuelle et politique D’abord simple abbaye cistercienne féminine au cœur du bassin parisien, Port-Royal devient au XVIIe siècle et avec moi l’un des hauts lieux de la réforme catholique puis l'un des symboles de la contestation politique et religieuse, face à l’absolutisme royal naissant et aux réformes théologiques de l’Église.

Quand j’y suis arrivée, je me rappelle que le monastère était en « très mauvais état ». En cette période je doute de ma vocation, mes parents s’inquiètent pour moi jusqu’à ce que j’aie une révélation. Je déclarai alors « Dieu me toucha tellement que, de ce moment, je me trouvais plus heureuse d’être religieuse que je m’étais estimée malheureuse de l’être». Ce choc religieux marque le début de la renaissance du monastère et de la réforme que j’y entreprends avec passion. Par exemple, je change le mode de nomination de l’abbesse, dorénavant élue tous les trois ans. Je remets également en vigueur la clôture monastique et pour donner l’exemple, je dis au revoir à ma famille pour promouvoir un retrait total ! Même si le site reste une affaire de famille, puisque ma sœur Agnès prendra le relais, tandis que mon neveu Antoine et mon frère Robert y séjourneront avec d’autres Solitaires, souhaitant se retirer temporairement du monde.

…qui perdure !

C’est d’ailleurs à ce dernier que l’on doit encore aujourd’hui le verger, planté devant les petites écoles. Potager, jardin médicinal et bouquetier planté derrière la ferme, évoquent les anciens jardins monastiques.

J’ai pu suivre que de vos jours, une association perpétue le jardin, en y cultivant de nombreux légumes déjà présents à mon époque. Notamment les choux, emblème de la nourriture que je dédiais aux pauvres. Ils ont d’ailleurs la recette de la soupe que je faisais confectionner avec choux et os de mouton. Mais chut ils n’en diront rien !

D’autres légumes tiennent une place de choix, comme les fèves, les blettes, et même les topinambours, décriés pendant longtemps trouvent leur chemin dans les recettes dont ces bénévoles ont le secret !

Mon histoire a été moins glorieuse, la controverse janséniste, les combats théologiques et politiques auront raison de l’Abbaye et de moi-même, mais je suis ravie qu’aujourd’hui le site, aujourd'hui musée , et son histoire vivent encore, grâce à des associations qui restaurent les lieux et des visites qui y sont organisées ! Alors faites-moi confiance, allez-y faire un tour !